A l’occasion de l’événement The Rise organisé par le Noise, les photos de profil pleines de bulles se multiplient sur Facebook, et les posts Instagram se font plus nombreux, à mesure que la date fatidique du 1e décembre approche. Mais c’est quoi au juste The Rise, et en quoi est-ce un projet intéressant ?
Cet article est l’occasion, non seulement de vous présenter en détail The Rise, pour que vous ayez enfin tout compris et toutes les clés nécessaires pour diffuser l’information à votre tour, mais aussi d’en profiter pour parler de la microfinance, de ces principes sur lesquels The Rise repose.
Qu’est-ce que la microfinance ?
La microfinance est un type de finance dont le but est de donner l’accès à des services financiers à des personnes exclues des réseaux traditionnels. Ces services sont donc le plus souvent à destination de populations défavorisées, discriminées voire pauvres, et souvent dans des pays en développement, car ils permettent de contourner des systèmes bancaires et financiers classiques qui refuseraient ces services à ces populations.
Le microcrédit
Le microcrédit est l’un de ces services : il consiste à donner la possibilité d’emprunter de l’argent à des personnes qui n’ont pas cette possibilité à travers des banques classiques, trop exigeantes pour leur accorder un prêt, ou appliquant des taux d’intérêt trop importants par exemple.
Il est caractérisé par un montant faible, accordé à un groupe ou un individu qu’on nomme alors micro-entrepreneur, sélectionné selon la fiabilité de son projet, hors des critères plus traditionnels des banques.
Le microcrédit repose, surtout dans les pays en développement, sur un principe de caution solidaire. Pour comprendre son fonctionnement, prenons l’exemple d’un groupe de 5. Le crédit octroyé l’est d’abord à 2 personnes du groupe, puis aux deux suivantes, puis à la dernière. Les 5 membres de ce groupe de caution solidaire étant solidairement responsables du remboursement du crédit.
Dans des pays développés comme la France, on distingue également un microcrédit dit personnel, qui vise à favoriser l’employabilité des emprunteurs, d’un microcrédit dit professionnel, qui finance une activité génératrice de revenus.
Les IMF
Les IMF ou Institutions de Microfinance sont des structures de proximité (ONG, association, coopérative…) qui délivrent des services financiers ( micro crédit, épargne, micro-assurance, services d’accompagnement et de formation). Dans le cas du microcrédit, elles jouent le rôle de banques en proposant des prêts à des entrepreneurs de leur pays. (The Rise fonctionne d’ailleurs grâce à une vingtaine d’IMF, répartis dans le monde.)
Ce sont ces institutions qui assurent la sélection des projets. Elles envoient des agents de crédit pour évaluer la solvabilité et le besoin d’accompagnement de chaque micro-entrepreneur, et développent des liens étroits et individualisés. Elles prennent également la décision de l’octroi de crédit et accompagnent ou forment les entrepreneurs pendant leur projets. Enfin, elles s’occupent des remboursements en cas de défaut du micro-entrepreneur (notamment dans le cas de The Rise).
Les grands enjeux
La microfinance est un sujet qui a le vent en poupe, comme en témoigne la multiplication des études qui cherchent à en estimer les effets. Depuis le Prix Nobel de la Paix du professeur Muhammad Yunus en 2006, elle ne cesse de fasciner, et est vite vantée ou critiquée.
Un impact positif
Le microcrédit est un outil de développement, d’inclusion financière et de lutte contre la pauvreté aux conséquences multiples et parfois difficiles à estimer. Elles sont tant économiques que sociales. Evidemment économiques, que ce soit par l’augmentation et la stabilisation des revenus, la réduction de la vulnérabilité face aux chocs extérieurs, ou encore le passage de l’économie informelle à l’économie formelle, ces éléments touchent au niveau et aux conditions de vie des micro-entrepreneurs, et comporte donc nécessairement un versant social. On peut noter bien sûr la réduction de l’exclusion et de la vulnérabilité aux chocs économiques, mais les deux éléments les plus durables sont alors l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé, et l’émancipation des femmes ou empowerment, en référence aux mouvements sociaux puis afro-féministes américains. Il s’agit non seulement d’émanciper financièrement les populations, mais aussi de leur donner les moyens d’agir et de se faire entendre
lire : https://www.babyloan.org/fr/empowerment
Alors qu’elles sont les plus touchées par la pauvreté, les femmes sont les grandes bénéficiaires des microcrédits. (70% des pauvres du monde sont des femmes – Bureau international du travail – http://www.ilo.org/public/libdoc/ilo/2008/108B09_28_fren.pdf)
Encore au cœur des questions de l’extrême pauvreté et de l’éducation des enfants, il est essentiel de noter qu’une augmentation de 10% des crédits aux femmes permet une hausse moyenne de 8% de la scolarisation des enfants et une baisse de 5% de l’extrême pauvreté (Banque mondiale)
Le microcrédit permettrait donc de faire un pas supplémentaire vers une société plus égalitaire où la femme a les moyens d’être autonome, notamment par l’accès au crédit et à une formation.
Le microcrédit est également utilisé dans des pays développés comme la France, où le principal bénéfice sont la lutte contre le chômage (70% des bénéficiaires sont des anciens chômeurs) et contre la pauvreté (50% des bénéficiaires se situerait en dessous du seuil de pauvreté national).
Critiques sur la microfinance
La Nobel d’économie Esther Dufllo souligne les limites du microcrédit dans Repenser la pauvreté, 2012. Elle rappelle que le microcrédit reste une pratique à la marge, seuls 5% à 7% des ménages y ont recours. On est encore loin de la révolution annoncée. De plus, parmi les populations ciblées, qui sont défavorisées, beaucoup n’ont pas le désir ou la capacité de monter une entreprise. Le système de caution solidaire est également mis en cause, par ses règles rigides et la spécificité d’un système avec des risques d’intérêts divergents entre les garants cautions solidaires.
Les taux d’intérêts exercés font également l’objet de critiques. Certains sont qualifiés d’abusifs, en raison d’un taux d’intérêt moyen de 27%. Le microcrédit nécessite en effet des charges opérationnelles importantes sur le terrain (accompagnement social, gestion du risque, déplacement des agents pour rendre visite au client, déboursement en argent liquide etc.).
Des entreprises comme Babyloan œuvrent cependant à faire baisser ces taux d’intérêt. De plus, la spéculation ne semble pas représenter de réel danger dans la mesure où les IMF ont bien souvent du mal à atteindre l’équilibre financier.
Quant à l’empowerment, si l’accès à des services de financement pour des femmes exclues des circuits traditionnels est certes une première victoire, il n’est pas juste de dire que la microfinance est le vecteur de libération politique et sociale des femmes, surtout dans les pays en développement. L’aspect économique de cet empowerment n’a donc pas le versant politique et sociétal qu’on lui prête parfois à tort.
Lire : https://www.cairn.info/revue-finance-et-bien-commun-2006-2-page-76.htm
Pour aller plus loin sur les risques et dérives de la microfinance : https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers18-07/010064274.pdf
Et The Rise dans tout ça ?
Comme les autres actions du Noise, on ne mettra pas fin à la pauvreté tous seuls. Mais on peut faire des petits pas qui vont dans le bon sens, et tous ensemble on peut atteindre de beaux résultats !
Alors pourquoi The Rise est un événement intéressant pour vous ?
Parlons peu parlons bien : parlons finances ! (Puisque c’est bien de cela qu’il s’agit). Avec The Rise et Babyloan, il s’agit d’un prêt solidaire, c’est-à-dire sans intérêt. Mais l’intérêt premier de ce prêt est la garantie offerte par Babyloan : tous vos prêts sont 100% remboursés par l’IMF si l’entrepreneur auquel vous avez prêté fait défaut. Cependant, le risque de faillite des IMF est bien réel. Le taux de remboursement des prêts sur Babyloan depuis sa création est d’environ 95%. Pour remédier à cela, The Rise met en place un fond de garantie solidaire. Le principe est de demander à chaque prêteur The Rise de donner 1€ lors de son prêt pour alimenter le fonds de garantie. Il permet ensuite de rembourser les étudiants que les IMF n’ont pas pu rembourser en cas de défaut de paiement du micro-entrepreneur.
Chez Babyloan, la mise en place de procédures très strictes de prévention du surendettement des clients fait partie des principaux critères de sélection de nos partenaires terrain. Sélectionner des partenaires à forte vocation sociale et qui ne pratiquent pas la « course aux clients », c’est-à-dire évaluent avec soin la véritable capacité d’endettement et donc de remboursements de leurs clients, fait partie des engagements de cette entreprise.
Ensuite, parce que comme je vous l’ai dit, la microfinance peut être un vrai levier contre la pauvreté, et plus généralement toute forme de discrimination sociale reproduite et amplifiée par le système banquier (refus de prêts sur des bases de racisme, sexisme, âgisme, etc, indépendemment des compétences des personnes et de leurs capacités réelles de remboursement). Surtout que c’est vous qui choisissez à qui vous prêtez ! Un premier tri a déjà été effectué par Babyloan, pour vous garantir la fiabilité des entrepreneurs, mais c’est à vous que revient la décision finale, et tout est sous votre contrôle !
Enfin, parce qu’il s’agit d’un concours inter-écoles, et qu’on serait quand même super fiers de pouvoir l’emporter. Surtout que pour vous motiver un peu, le Noise met en place plein de jeux concours avec de jolis prix (exemple : des masques éco-responsables et solidaires) et surtout une compétition inter-assos : alors que le meilleur gagne ! C’est une belle manière de prouver votre esprit d’équipe et votre solidarité aux membres de votre asso et aux autres asso, dans une période ou les rencontres d’asso et interassos sont bien rares et compliquées à mettre en place. Les membres de Comedia sont souvent les champions, on compte sur vous pour défendre ce titre, et sur toutes les autres associations pour les détrôner !
Bref, n’attendez plus, on a besoin de vous pour porter haut les couleurs de l’ESSEC dans la lutte contre la pauvreté, rejoignez-nous en prêtant les 1 et 2 décembre à The Rise !

En savoir plus sur The Rise : https://drive.google.com/file/d/1651pU3FReK6k4V6Qymd07O-9QdWjcw1F/view?usp=sharing
Pour aller plus loin :
- Sur les IMF et motifs d’impayés : https://www.cairn.info/revue-gestion-2000-2015-6-page-73.htm
- Le microcrédit en France, une solution face au chômage ? https://www.babyloan.org/fr/le-microcredit-en-france-une-solution-de-l-economie-solidaire