Catégories
2024-2025 Actualités

Le GIEC

          Lundi 23 septembre prochain, le NOISE recevra Jean Jouzel, expert du GIEC, pour inaugurer sa saison de conférences 2024-2025. Cet échange sera l’occasion d’en apprendre plus sur les sciences du climat et sur les travaux scientifiques internationaux d’évaluation du dérèglement climatique.

Comment le GIEC fonctionne-t-il?

          Le GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, a été créé en 1988 à l’initiative des dirigeants du G7 suite aux alertes des scientifiques sur l’impact des émissions de gaz à effet de serre sur le climat. Il a plus précisément été créé par deux institutions de l’Organisation des Nations Unies ; le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ; il est donc composé de représentants des pays membres des Nations Unies, rassemblés en assemblée générale au sein de laquelle chacun des 195 pays membres a une voix pour prendre des décisions concernant la préparation du rapport (approbation du sommaire, etc). Le GIEC utilise six langues de travail, qui sont les langues officielles de l’ONU : l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe.

          Outre cette assemblée de représentants, le GIEC est formé d’un bureau d’une trentaine de membres composé de scientifiques s’intéressant à l’étude du climat. Ce sont ces membres du bureau qui choisissent les auteurs des rapports du GIEC, spécialistes des différentes disciplines de l’étude du climat.

Comment le GIEC est-il financé ?

          Le GIEC est financé directement par les États membres, et dispose d’un budget annuel d’environ six millions d’euros. Par exemple, la France a participé à hauteur d’un million d’euros pour la rédaction du 6e rapport (6e cycle). Les auteurs des rapports ne sont pourtant pas rémunérés : cet argent est employé à des fins administratives et éditoriales.

Les experts du GIEC

          Les experts du GIEC étudient des scénarios qui décrivent les possibles développements socio-économiques de la société, ainsi que leurs conséquences sur les émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Ils analysent ensuite les conséquences de ces scénarios, en formulant des projections afin d’anticiper les changements climatiques futurs.

          Le GIEC a pour mission première d’évaluer l’état des connaissances actuelles sur le changement climatique, à partir du travail de l’ensemble des chercheurs ; les experts du GIEC ne réalisent donc pas de travaux de recherche au sein de cette institution. Cette revue des connaissances mène à la publication d’une synthèse (rapport d’évaluation), publiée tous les 5 à 7 ans en moyenne ; le 6e rapport du GIEC est paru en 2023. Plus qu’un simple résumé, un rapport d’évaluation quantifie le niveau d’incertitude et de consensus sur chacun de ces trois points : les causes du changement climatique, la nature et l’ampleur des changements futurs, ainsi que les solutions envisageables pour les limiter.

          Les experts du GIEC sont répartis en trois groupes de travail : le groupe de travail 1 s’intéresse au système climatique et à l’évolution du climat. Le groupe de travail 2 étudie la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels face au changement climatique, ainsi que les conséquences de ce changement et les possibilités d’adaptation. Enfin, le groupe de travail 3 étudie les solutions pour atténuer le changement climatique et limiter les émissions de gaz à effet de serre.

          Dans un souci d’exactitude scientifique et conformément au principe de révision par les pairs, les résultats des différents groupes de travail passent par plusieurs étapes de relecture avant la publication finale du rapport. Le rapport préliminaire est dans un premier temps relu par des scientifiques volontaires ; les commentaires apportés mènent à la réalisation d’une seconde version, qui est à son tour relue par ces experts ainsi que par les représentants des gouvernements, ce qui permet d’aboutir à une version finale accessible à tous. Le résumé aux décideurs, quant à lui, n’est pas prescriptif, mais vise à synthétiser les éléments pertinents du rapport pour prendre des décisions politiques en conséquence ; il est relu et adopté par les représentants de tous les gouvernements engagés.

          Outre ces rapports d’évaluation, le GIEC publie également des rapports spéciaux, des rapports techniques et des rapports méthodologiques. Par exemple, le GIEC a publié pendant son 6e cycle 3 rapports spéciaux, respectivement sur l’impact d’un réchauffement global de 1,5 °C, sur les terres émergées, ainsi que sur les océans et la cryosphère.

Ce que nous apprennent les rapports du GIEC  

          Nous sommes aujourd’hui à un niveau de 1réchauffement global de 1,1°c, et certains scénarios (optimistes) prévoient un réchauffement global de 1,1°c à horizon 2050 (pic des émissions vers 2030), tandis que d’autres (pessimistes) anticipent un réchauffement global de 3°c (absence d’effort pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre). L’accord de Paris fixe quant à lui l’objectif de limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Or cette hausse des températures n’impacte pas seulement la hauteur du mercure de votre thermomètre : elle est la cause de la hausse du niveau de la mer, de la fonte des glaciers et du permafrost, du réchauffement et de l’acidification des océans, ainsi que de la moindre efficience des puits de carbone naturels (forêts, etc). Ces conséquences du réchauffement climatique sont irréversibles et pourraient participer à la formation d’une boucle de rétroaction positive

          Le 6e rapport du GIEC confirme que l’insoutenable et l’inégale utilisation de l’énergie et des terres ainsi que l’exploitation de ressources fossiles sont les causes (anthropiques) du réchauffement climatique. Le rôle des activités humaines est donc incontestable, selon la littérature scientifique. Par rapport au 5e rapport, publié en 2014, il constate un accroissement des risques environnementaux pour un même réchauffement : le GIEC a identifié 127 risques majeurs, qui concernent notamment la santé, la biodiversité et l’agriculture. A cela s’ajoutent des phénomènes météorologiques d’intensité et de fréquence décuplées.

          Mais une fois ces constats établis, le GIEC rappelle que toute action permettant de limiter dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre permettra de limiter le réchauffement. Les experts étudient en parallèle les possibilités d’adaptation au changement climatique (ainsi que les risques de maladaptation), afin d’anticiper les changements nécessaires à l’échelle mondiale.

Cet article vous a intéressé ? Alors venez en apprendre davantage lors de notre conférence avec Jean Jouzel, le lundi 23 septembre prochain à l’ESSEC à 20h !

Nous vous attendons nombreux !