Préambule
Lorsque l’on vous dit Romain Gary, quelle est la première chose à laquelle vous pensez ? Si vous êtes comme la majorité des gens, vous répondrez certainement à cette question qu’il s’agit du seul écrivain qui soit parvenu à être lauréat du Prix Goncourt à deux reprises. Un coup de génie donc, une plume reconnue par tous, un diplomate extrêmement doué. Et vous n’aurez pas tort : toutes ses assertions sont vraies, cela ne fait aucun doute. Mais, qu’est-ce que tout cela a donc à voir avec l’écologie ? A priori pas grand-chose. Pourtant, ce que la majorité des gens sait beaucoup moins, c’est que Romain Gary a été un écrivain visionnaire, qui a évoqué très tôt dans la deuxième moitié du vingtième siècle les changements environnementaux que nous connaissons aujourd’hui. Les Racines du ciel ont ainsi été reçues comme un livre de grande qualité, suscitant de nombreuses réactions d’ordre littéraire, sans que la réflexion profonde de l’auteur sur la protection de l’environnement ne soulève beaucoup de réactions. Nombreux sont les écrivains et plus largement les artistes qui ont subi le même sort.
Nous avons donc décidé de révéler l’activisme trop souvent méconnu de certaines plumes et autres artistes du vingtième siècle, connus et reconnus pour la qualité esthétique de leurs travaux ou la complexité de leur pensée, mais dont les engagements écologistes sont restés sinon lettre morte – le comble, pour un écrivain, – tout au moins sans grandes conséquences. Au cours de nos différents articles, à la croisée des chemins entre portraits et fiches de lecture, vous allez donc découvrir de nouvelles facettes de certains grands acteurs du vingtième siècle, victimes malgré eux d’un douloureux syndrome de Cassandre.
Mérédith Piot