Planter des arbres, une initiative citoyenne pour lutter contre le réchauffement climatique
Les 26 et 27 février 2021 s’est tenue dans le Bois de Cergy une action de reforestation participative organisée par l’Agglomération, l’entreprise CernergY et l’association Boomforest. En effet, dans une optique de lutte contre le réchauffement climatique et de soutien à la biodiversité sur le territoire, une parcelle de 200m2 a été choisie par l’agglomération cergissoise pour faire connaître la pratique de plantation de mini-forêts aux jeunes de la Maison de Quartier des Touleuses et à 80 volontaires et habitants du quartier.
En France métropolitaine, les forêts sont responsables de l’absorption de 14% des émissions de gaz à effet de serre chaque année. Dans un pays qui s’est fixé pour objectif de devenir neutre en carbone d’ici 2050, la préservation et le développement de ces écosystèmes sont donc cruciaux pour la lutte contre le dérèglement climatique. Et l’action la plus simple à mettre en place pour encourager les forêts, c’est encore de planter des arbres. On a donc vu de nombreuses associations se développer avec pour mission de sensibiliser les populations à la déforestation et de faire de la plantation d’arbres une activité ludique et pédagogique pour petits et grands.
Les mini forêts selon la méthode Miyawaki
Mais planter des arbres au hasard ne suffit pas pour avoir un véritable impact. C’est pourquoi le botaniste japonais Akira Miyawaki, expert en écologie rétrospective, a développé une méthode de plantation visant à créer des forêts particulièrement denses sur de petites surfaces : les mini-forêts (sa méthode est aussi connue sous le nom de the potted seeding method). Sa réflexion part de l’observation que les forêts plantées par l’homme selon les principes de la sylviculture ne sont pas résilientes ou efficaces face au changement climatique. Au contraire, les forêts anciennes, de taille modeste mais composées d’espèces locales d’essences variées, ont un rôle important dans la régulation des aléas climatiques et la préservation de la biodiversité. Il s’est donc appuyé sur le concept de végétation naturelle potentielle (la végétation locale qui se développerait sur un site sans les perturbations engendrées par l’activité humaine) pour développer sa propre méthode visant à restaurer les forêts primaires.
En quoi consiste la méthode Miyawaki ? Il est d’abord nécessaire de définir la végétation naturelle potentielle du site visé et de préparer correctement le sol, qui doit accueillir les jeunes plants et doit donc être suffisamment riche et meuble. Sur une surface minimum de 100m2, on va ensuite planter au moins 3 arbres par m2 en prenant soin de mélanger les essences. Cette densité de plantation doit favoriser la communication des racines, limiter les herbes nuisibles à la pousse et créer une compétition vertueuse pour la lumière entre les arbres.
Parce qu’elle ne requiert qu’une petite surface, cette méthode peut être appliquée à des milieux très divers, y compris urbains. On y recourt pour absorber le bruit et la pollution, contenir les inondations, prévenir les glissements de terrain ou apporter de la fraîcheur en milieu urbain.
Quels effets et quel impact sur la biodiversité ?
Le but de la méthode Miyawaki est de recréer des forêts de manière accélérée. En 20 à 30 ans, on est ainsi censé obtenir une forêt mature, dont le fonctionnement est semblable à celui d’une forêt primaire centenaire. La densité visée est 30 fois supérieure à celle d’une forêt classique, ce qui permet une absorption de dioxyde de carbone démultipliée. La méthode Miyawaki se targue également de créer des environnements propices à une biodiversité élevée.
Mais qu’en est-il vraiment ? Revenons sur l’objectif premier de la création d’une mini-forêt, à savoir la plantation d’arbres. Selon l’INRAE (l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement), depuis 1950 ce sont 300 000 km2 de nouvelles forêts qui sont apparues en Europe, et parmi cela plusieurs dizaines de milliers sont issus de la reforestation spontanée. En effet, en raison de l’abandon de terres agricoles, la nature peut parfois reprendre ses droits et la forêt peut réapparaître là où les activités humaines l’avaient détruite. En France plus de 6000 hectares repoussent d’eux-même ou sont replantés chaque année. Dès lors, la question n’est pas réellement celle du nombre d’arbres plantés, mais celle de l’objectif poursuivi avec ces plantations. S’agit-il seulement d’absorber davantage de CO2 ou souhaite-t-on également restaurer et soutenir la biodiversité ?
Dans le premier cas, plantons (quoi que cela soulève tout de même le problème de la gestion des forêts et de leur entretien) ! La méthode Miyawaki permet de planter sur de petites surfaces autrement inoccupées, elle est donc particulièrement intéressante. Mais dans le second, planter des arbres ne suffit pas. Les mini-forêts offrent certes une solution intéressante pour les petits espaces et les milieux urbains, mais elles ne peuvent pas être considérées comme la panacée. Certaines espèces ne peuvent pas s’épanouir dans des îlots de biodiversité réduits et demandent de plus grands espaces. La variété des terrains, et notamment la présence de plants d’eau, est également essentielle à la propagation de nombreuses espèces. En outre, pour assurer la fonctionnalité des écosystèmes il est bénéfique de les relier : les espèces et les milieux naturels ne peuvent pas rester isolés les uns des autres, ils fonctionnent ensemble et ces connexions sont indispensables. Plus les milieux sont connectés, plus les chances de survie des espèces sont élevées.
Dans ces conditions, la solution serait en fait de préserver ou créer des réservoirs de biodiversité, mais surtout de mettre en place entre eux des corridors écologiques qui assurent la liaison entre les milieux et les espèces. C’est sur ce principe que s’appuie notamment la Trame Verte et Bleue, un outil de connaissance et d’aménagement du territoire qui cherche à rendre compatible la préservation de la biodiversité et les enjeux socio-économiques.
La méthode Miyawaki des mini-forêts est donc séduisante dans l’optique de végétalisation d’espaces urbains et de reforestation de parcelles, mais seule, elle ne suffit pas à recréer un écosystème complet et elle nécessite donc d’être couplée à d’autres méthodes et à d’autres initiatives dans le cadre de l’aménagement des territoires.
Mérédith Piot